Formation sur les maladies psychotiques en établissement médico-social

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Qu’entend-on par maladies psychotiques ?

Les maladies mentales sont des maladies qui correspondent à des descriptions codifiées et consignées dans 2 manuels de référence, le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) et la CIM (Classification Internationale des Maladies). Ces descriptions évoluent avec le temps tout comme les maladies mentales qui se situent toutes à l’articulation de 3 niveaux de réalité :

La biologie

La psychologie

L’environnement

Le diagnostic est posé par un médecin psychiatre afin de fournir la thérapeutique sensée aider au mieux le patient.

Les psychoses

La notion de psychose signifie qu’en phase productive de symptômes, lorsque la maladie sera active (ce qui n’est pas toujours le cas), les symptômes de la maladie déconnecteront la personne de la réalité en lui faisant par exemple adhérer à des idées fausses (le délire) ou en trompant ses cinq sens (les hallucinations). La personne pourra percevoir des choses qui n’existent pas comme entendre des voix, voir des choses, sentir de mauvaises odeurs, sentir un mauvais goût dans sa bouche, avoir l’impression d’être touché… Toutes ces perceptions et ces idées sont généralement pénibles et représentent des facteurs de stress avec absence de contrôle. La personne ne peut pas agir dessus, elle n’a pas la main sur leur manifestation.

L’on a vu que pour qu’une personne tombe malade, il faut généralement que trois types de facteurs se rencontrent : les facteurs biologiques, les facteurs psychologiques et les facteurs environnementaux. Plus la personne cumulera de facteurs plus ses chances de (re)tomber malade augmenteront…

Les facteurs biologiques

Des facteurs biologiques sont nécessaires à l’apparition d’une maladie mentale. Les vulnérabilités biologiques liées à l’hérédité sont indéniables, surtout dans certaines maladies comme les schizophrénies ou les troubles bipolaires. Il n’est pas possible de manifester ces deux maladies sans avoir déjà en soi des éléments biologiques hérités de nos parents et de nos ancêtres qui concourront à faire apparaître la maladie. Cependant il est possible de présenter ces vulnérabilités biologiques et de ne jamais développer de maladie, car si les facteurs biologiques sont nécessaires à l’apparition des symptômes ils sont parfois insuffisants afin de produire la maladie. Aux facteurs biologiques il faudra alors associer des facteurs psychologiques comme le stress et/ou des facteurs environnementaux comme un milieu stressant afin qu’apparaisse la maladie.

Un autre facteur biologique est l’âge d’apparition des maladies. Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité apparaît généralement pendant l’enfance et avant la fin de l’adolescence. L’autisme apparaît dans l’enfance, les schizophrénies en fin d’adolescence et en début d’âge adulte, les troubles de l’humeur du cours de l’adolescence à l’âge adulte… Ces fenêtres d’apparition sont d’origine organique et utiliseront éventuellement un milieu propice afin de créer une maladie.

Un autre facteur biologique est la consommation de toxique. Toute substance psycho active risque chez certaines personnes prédisposées de faire apparaître des symptômes. Il est donc conseillé aux personnes prédisposées de ne pas consommer de substance illicite ou même d’alcool qui reste le produit psychoactif le plus impliqué dans l’apparition des troubles mentaux.

Les traitements médicamenteux font partie des facteurs biologiques. Lorsqu’ils sont prescrits, une certaine quantité de molécules doit être présente dans l’organisme afin d’endiguer les symptômes et de prévenir les rechutes.

Les facteurs psychologiques

Le stress est le premier des facteurs psychologiques impliqué dans l’apparition des troubles mentaux. Une bonne gestion du stress est fondamentale afin de contrecarrer les rechutes de la maladie. Les programmes de gestion du stress issus des modélisations des thérapies comportementales et cognitives sont de bons outils afin de renforcer sa résistance au stress et ainsi réduire le risque de récidive.

Les évènements de vie négatifs rencontrés en cours de développement vont également compter au nombre des facteurs psychologiques impliqués dans l’apparition des maladies mentales. Il est évident que plus ces évènements de vie stressants ou traumatiques auront été vécus de façon précoce et répétée, plus ils risquent d’avoir un impact négatif chez des personnes déjà vulnérables… Nous avons alors dans de telles situations l’accumulation de facteurs prédisposant de nature biologiques et de facteurs déclenchants de nature psychologiques.

Ce que l’on appelle résilience est une propriété psychologique dont disposent certaines personnes. Cette propriété leur permet malgré la présence d’évènements traumatiques de ne pas plonger dans la détresse et la maladie. Pour se faire, il faudra que l’environnement soit capable d’offrir des facteurs de résilience. Une personne résiliente saura attraper ses facteurs… La résilience permet de se construire et de se développer, elle permet de continuer son chemin malgré la rencontre d’évènements traumatiques. Ainsi, l’individu continuera de pencher du côté de l’existence et des rencontres plutôt que du côté de l’isolement et de la maladie.

Les facteurs environnementaux

Ce sont les éléments qui conditionnent notre environnement. Le premier des facteurs environnementaux est la famille. Une famille stressante, mal aimante, négligente occasionnera une souffrance et un manque de chance quant à un développement harmonieux. Certains n’ont pas eu la chance d’être orphelins…

L’on peut donc dire que les maladies mentales de type psychotique sont le fruit de la rencontre de facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux qui de concert vont concourir à précipiter la personne dans le trouble puis la maladie. La proportion, « le quotient » de chacun de ces facteurs sera différent d’une personne à l’autre.

Brain

Les maladies mentales sont des maladies du cerveau

Les maladies mentales de type psychose sont des maladies du cerveau. Ces troubles cérébraux vont perturber la relation avec les autres et le rapport au monde. Ces perturbations génèrent ce que l’on appelle le handicap psychique.

Il est possible de soigner ces maladies, mais pas de les guérir, c’est-à-dire que l’on ne peut pas faire disparaître leurs causes organiques. Même en l’absence de symptôme, la personne atteinte est toujours susceptible de retomber malade si des bouleversements biologiques interviennent dans le corps, si le stress devient trop fort, si l’environnement se met à exercer une pression trop importante sur elle…

En fonction d’un ensemble de paramètres comme le nombre de crises, l’âge d’apparition de la maladie, le traitement médicamenteux sera généralement maintenu la vie durant. Le fait que la maladie ne s’exprime pas malgré sa présence chez la personne n’est pas anodin. En effet, lorsque le traitement est efficace cela signifie que la qu’elle prend tous les jours un remède en l’absence de symptôme, ce qui n’est pas très logique… C’est une des raisons qui explique que beaucoup de personnes atteintes de maladies mentales cessent un jour ou l’autre de prendre leur traitement puisqu’elles peuvent se considérer comme guéries puisque n’ayant plus de symptômes… De plus, elles en ont fréquemment assez d’avaler des comprimés qui leur rappellent tous les jours qu’elles sont malades, qui produisent des effets indésirables comme une prise de poids, des troubles érectiles, des troubles de l’humeur… Cela concourt à la rechute et à la réhospitalisation de la personne. Ces cycles sont parfois difficiles à endiguer.

Les psychoses sont des maladies chroniques

Une des grandes difficultés de la maladie est son caractère chronique. Certaines personnes peuvent faire un épisode isolé et ne plus jamais présenter de symptôme. Cette notion de chronicité signifie que durant certaines phases, la maladie va se mettre à être active en produisant des symptômes psychotiques et qu’à d’autres moments, la maladie sera moins active voir invisible.

Si une personne est accueillie dans un établissement médico-social, c’est que la MDPH lui a reconnu le statut de personne en situation de handicap psychique. Cette personne subit dans sa vie quotidienne les effets et les conséquences négatives de la maladie mentale qui peut être plus ou moins active à un instant T.

La vulnérabilité de cette personne est plus importante qu’une personne qui ne présente pas de psychose. En effet, la vulnérabilité se caractérise par un équilibre plus fragile que ce qui est observé chez tout un chacun. L’arrêt prolongé du traitement, une consommation de toxique, un changement métabolique, une période de stress importante, un environnement plus anxiogène que d’habitude et c’est l’ensemble du corps qui sera perturbé pour finalement aboutir à la réémergence des symptômes psychotiques…

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En établissement médico-social, il faut être vigilant à la cohérence interne du service afin de réduire le risque de rechute

Un facteur de stress important et fréquent chez les personnes psychotiques fréquentant un médico-social est l’absence ou le défaut de règle commune, en d’autres mots un cadre pas ou peu clair. Généralement, les règles de fonctionnement existent, mais elles ne sont pas assez respectées par les professionnels créant ainsi une sorte de flou très délétère chez quelqu’un souffrant de psychose. Ces personnes sont fréquemment angoissées et le flou du fonctionnement peut alors exacerber leurs inquiétudes, faisant monter leur niveau de stress, contribuant ainsi à réactiver les symptômes psychotiques.

Traditionnellement, les établissements médico-sociaux sont des lieux d’ouverture et de négociation. Il est fréquent que la rigidité de fonctionnement soit mal perçue par les éducateurs qui vous feront remarquer que « tout le monde est différent et qu’ici l’on ne fonctionne pas à la schlague, et cetera… » Oui, mais ! Avec des personnes psychotiques, gare aux incohérences et aux contradictions internes. Lorsque les éducateurs pensant généralement bien faire en viennent à trop de souplesse dans leur fonctionnement, une personne psychotique peut y percevoir quelque chose de très angoissant par absence ou manque de contenance. Si untel fait blanc et que l’autre fait noir, le cadre « ne tient pas », il est alors perçu comme instable, ce qui peut être vécu comme stressant chez certaines personnes psychotiques. Conséquence, leur niveau de stress augmente ce qui contribue à faire réapparaitre les symptômes de la maladie… Tout cela parce que certains professionnels n’auront pas jugé utile de se conformer à des règles de fonctionnement claires, établies en amont et en équipe, énoncées et expliquées à la personne à son arrivée dans le service. Le fonctionnement et la cohérence d’équipe sont donc cruciaux lorsque l’on accueille des personnes souffrant de psychoses, même stabilisées.

Les règles de fonctionnement doivent être formalisées clairement, énoncées et appliquées par l’ensemble du personnel, de la personne qui assure l’entretien à la direction de l’établissement en passant par tous les éducateurs. Cet effort de cohérence réduit le risque de voir des facteurs environnementaux déstabiliser la personne accueillie et les symptômes psychotiques reflamber.

2 réflexions sur “Formation sur les maladies psychotiques en établissement médico-social”

  1. Je n’avais jamais rencontré un formateur aussi pragmatique dans son approche. Le contenu est suffisamment clair, précis et illustré, rendant la formation très accessible, quel que soit le niveau de connaissance et de pratique des participants à la formation. Par ailleurs, j’ai été particulièrement surpris que le formateur prenne le temps de poser le contexte historique, social, voire même sociétal, ce qui a permis de donner du sens à tout ce contenu. Éducateur spécialisé depuis de nombreuses années auprès de personnes en situation de handicap psychique, ayant eu de nombreuses formations sur le sujet, je recommande ce formateur sans hésitation.

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